Les pigeonniers Lavergnois

Notre village présente une belle variété de pigeonniers de styles et d’époques différents.

La diversité de ces colombiers, porche, tourelles, grenier, tour attenante ou isolée, est surprenante . Nous nous sommes intéressées aux pigeonniers anciens.s en avons répertorié une vingtaine mais quelques uns sont encore sûrement cachés hors des lieux de passage commun … La majeure partie se trouve au cœur même du village, mais il en est de magnifiques à admirer sur les hauteurs de notre commune.

Chacun d’eux ravira qui voudra bien y prêter attention au cours de ses balades à travers Lavergne…

Les « pigeonniers isolés » sont des colombiers indépendants de toute autre construction. Ils peuvent avoir des architectures, des dimensions et des styles différents.

Lavergne en possède
trois magnifiques, chacun ayant ses propres caractéristiques et ne se ressemblant en aucun point.

  • Le pigeonnier porche du Tissandié
  • La tour ronde de Pouchou
  • La tour carrée de Mirabel

Pigeonnier porche Il se situe à l’entrée du village au lieu-dit « Le Tissandié ». Il est doté d’un toit de tuiles plates à 2 pans, fortement inclinés, surmontant des génoises sur corbeau. Le corps de l’édifice est en belles pierres de taille apparentes au niveau de l’arcade, et enduit sur sa partie supérieure. Les trous d’envol sont idéalement exposés sur la façade Est. La façade ouest est dotée d’une porte en hauteur, ce qui en rendait l’accès plus difficile. Sa forme est originale. De magnifiques encorbellements de pierre soutiennent les poutres du plancher du pigeonnier, ce qui explique que sa partie supérieure soit plus large. La présence de l’arcade nous indique que c’était un lieu de passage. Un départ de mur au niveau du pilier Est, laisse supposer que ce pigeonnier porche faisait corps autrefois avec un mur d’enceinte, aujourd’hui disparu. Inscrit aux monuments historiques (arrêté du 20-07-1979, cad. A 85), sa date de construction serait évaluée vers le XVème. Il est presque certain qu’il ne peut être plus ancien car il n’apparaît pas de pigeonnier doté d’un toit avant le XIVème siècle. Cependant on ne retrouve pas la trace de ce pigeonnier porche au Tissandié, sur le compoix de Lavergne de 1666…Est-il donc plus récent? Aurait-il était déplacé? Nous continuons notre étude du compoix, en axant notre recherche sur le lieu-dit « la grange de Vayrac ». Il n’y a donc, à ce jour, aucune certitude sur sa date de construction et notre pigeonnier porche garde donc le secret de sa naissance et de son histoire…

On retrouve la trace de la présence du pigeonnier rond de Pouchou sur le compoix de Lavergne datant de 1666. Un compoix est, entre le XIVème et le XVIIème siècle, une sorte de cadastre rudimentaire, avec description, arpentage et estimation de toutes les parcelles dans les régions françaises de langue occitane. Les premiers à décrire le paysage rural des zones non urbaines apparaissent au XIVème siècle. Ces registres fiscaux n’ont, dans un premier temps, que vocation à répartir entre les membres de la communauté, le montant de l’impôt (la taille) dont elle est chargée de plus en plus régulièrement, au cours du XIVème siècle. Mais, peu à peu, il devient aussi un outil de gestion interne aux communautés. Les compoix ont permis de pondérer pour chaque ménage ou exploitation, le nombre de bêtes d’élevage en fonction de la taille des domaines ou héritages. Ces livres, souvent imposants, ont fini par incarner les communautés elles mêmes. Ils sont une source capitale de données pour la connaissance de l’histoire rurale en territoire de « langue d’oc ».

D’après ce fameux compoix de Lavergne, un certain « Jean d’Alaman – docteur et avocat – habitant de Gramat » aurait possédé de nombreuses terres et maisons en différents endroits de la commune de Lavergne, et il serait le seul a être propriétaire d’un pigeonnier sur le territoire de Pouchou. On retrouve à Assier un colombier similaire datant de 1537. Cet élément ajouté au fait que le pigeonnier de Pouchou soit mentionné sur le compoix de 1666, atteste de l’ancienneté de celui-ci et confirme la véracité de la date gravée sur une pierre de l’édifice:1597 Ce style de construction se retrouve généralement dans le nord de la France et est très rare dans notre région. Ce qui donne à ce pigeonnier un charme très particulier. On remarquera sa toiture conique en lauze, terminée par un épi de faîtage, qui surplombe une double génoise de tuile canal et la randière en pierre à mi-hauteur. La tour ronde de « Pouchou » est une construction circulaire, avec un toit conique. Sur l’arrière du bâtiment, une porte située en haut d’un escalier en pierre permet d’accéder à l’intérieur. A l’opposé, se trouvent deux grilles d’envol en bois, percées de douze trous chacune. Leur plage d’envol sont en pierre : randière pour celle du bas et pierre monolithe pour celle du haut. La troisième grille dans l’alignement vertical des autres, se situe sur le toit, sous forme de lucarne et possède quant à elle huit trous. Ce pigeonnier compte donc un total de trente deux trous. Par conséquent, il nous est permis d’imaginer que son propriétaire occupait un rang relativement élevé dans la société de l’époque (noblesse de robe ou bourgeoisie) puisque comme nous l’avons vu, plus le pigeonnier possédait de trous, plus son propriétaire était aisé.

Tour carrée de Mirabel Le colombier de « Mirabel », de forme carrée, surplombe la vallée de l’Alzou. Sa construction remonterait au XVIIIème siècle et sa restauration aux années 70. Son toit est recouvert de tuiles plates, les quatre arêtiers se rejoignent en son centre et se terminent par un épi de faîtage. Ses quatre trous d’envol sont bien orientés vers l’est. Il possède une plage d’envol et une porte d’accès en hauteur sur sa façade nord.

Le pigeonnier dit « tour attenante » est ainsi nommé car il est accolé à une bâtisse, maison ou grange, mais possède ses propres murs.

Nous en avons recensé 3 sur Lavergne : F dans le bourg F à Lautine F à Pouchou

Situé dans le bourg, route de la prairie, ce pigeonnier attenant se trouve à l’arrière d’une grange. Construit en pierres, il faisait office d’habitation. On peut d’ailleurs remarquer la pierre d’évacuation d’eau, juste sous la fenêtre, correspondant à l’intérieur, avec une ancienne souillarde. Le toit est à quatre pans, avec des arêtiers de tuiles canal et possède un épi de faîtage. Pas de trou, ni de plage d’envol mais une simple lucarne carrée. A « Pouchou », ce pigeonnier est assez remarquable de par la forme très particulière de son toit et les deux épis de faîtage qui le coiffent, le tout reposant sur une très belle double génoise . Il possède également des arêtiers de tuile canal. Chacun de ses murs présente des grilles d’envol, de 6 trous pour la façade principale, 4 trous pour les façades latérales.

Situé à « Lautine », ce pigeonnier, qui daterait du XVIIIème siècle, est assez impressionnant de par sa haute taille, et de par le magnifique toit en lauzes qui le surplombe. Construit tout en pierre, il présente trois lucarnes, toutes sur la façade principale, dont seules les deux inférieures, les plus grandes, sont dotées de plage d’envol. Une des merveilles de ce colombier ne peut, hélas pour nous, ne s’admirer que de l’intérieur : sa magnifique voûte de pierre qui monte jusqu’au faîte du toit…

Les « pigeonniers tourelle » sont de petites tours qui s’élèvent au dessus d’une construction, mais qui font partie intégrante de celle-ci. C’est le plus généralement la maison d’habitation, cependant on en retrouve parfois au dessus des granges.

Notre village en compte six : F Le Tissandié F Le Moulin de Bergues F Le Moulin du Pont F

Trois dans le bourg Le pigeonnier tourelle du « Tissandié » est crépi, mais on peut remarquer sur sa façade ouest la présence sous celui-ci d’anciens colombages . Sa toiture est à quatre pans, avec épi de faîtage et arêtiers de tuiles canal. Deux de ses trois façades présentent des grilles d’envol dont l’originalité réside dans l’asymétrie de leur emplacement.

Le « Moulin de Bergues », est un pigeonnier qui possède des grilles d’envol sur trois façades. La façade principale, toute en pierre, en possède deux de quatre trous, dont les plages d’envol sont en pierre monolithe arrondie. Les façades latérales, crépies, n’en possèdent qu’une seule de quatre trous. Ce qui porte à seize le nombre de trous donnant à ce pigeonnier une importance non négligeable. Le toit est en tuiles plates avec un épi de faîtage très simple.

Cet imposant pigeonnier, tout en pierre, appartient au « Moulin du Pont » On retrouve ici le même toit que sur le pigeonnier attenant de Pouchou, avec le double épi de faîtage, la double génoise et les arêtiers de tuiles canal. Par contre celui-ci possède en plus une lucarne. Les pierres d’envol sont encore présentes mais les trous ont disparu.

Dans le bourg, sur une grange, direction Thégra, ce pigeonnier tourelle à colombage enduit, est recouvert de tuiles plates.

Pas d’arêtier, ni d’épi de faîtage, par contre une date est gravée sur la clé de voûte : 188….
Dans le bourg, direction Bio, ce colombier en crépi s’élève au dessus d’une maison en pierre. Doté d’un toit à quatre pans avec épi de faîtage et arêtiers de tuiles canal, il possède une génoise d’un seul rang de tuiles canal. Ses deux lucarnes arborent des plages d’envol en pierre. Ce pigeonnier de 1830, situé au cœur du bourg, surplombe à la fois une grange et un porche. Sa particularité réside dans le fait qu’un de ses angles soit entièrement libre et non intégré totalement au bâtiment, comme le sont en général les pigeonniers tourelle. Il présente de magnifiques colombages sur ses quatre façades, une randière sur un splendide encorbellement en pierre. Ses plages d’envol en bois sont de forme arrondie ce qui est assez rare.

Le pigeonnier tourelle de Catonié est un pigeonnier ancien qui a été agrandi lors de sa restauration dans les années 70. Recouvert de tuiles plates, son toit possède des arêtiers de tuiles canal et deux épis de faîtage. Les grilles d’envol sont encore présentes sur deux de ses façades.

Les « pigeonniers greniers » sont les plus courants. Ils sont apparus après la révolution suite à l’abolition du droit de colombier, réservé auparavant aux nobles. Les paysans les plus modestes purent ainsi profiter d’un droit qui leur était jusque là interdit et la construction de pigeonniers s’accrut de façon remarquable. Ces pigeonniers peuvent se présenter sous formes différentes : parfois une lucarne a été construite à cet effet, mais ce ne sont le plus souvent que de simples trous, sous l’angle de la toiture de la maison ou d’un bâtiment agricole. Les grilles et les plages d’envol ne sont pas toujours présentes.

Situé à la sortie du bourg, route de Bio, ce pigeonnier se trouve sous l’angle du toit d’une maison d’habitation. Il y a trois trous sur la grille d’envol et il possède un encadrement en bois.

Ce pigeonnier grenier se trouve sur une grange du «Moulin Notre-Dame». Il possède trois trous, avec une plage d’envol en pierre monolithe pour les deux du bas et une en bois, de forme originale pour le trou supérieur.

Pigeonnier grenier à colombage enduit au « Limargue ». Sa grille d’envol à quatre trous est en bois et possède deux plages d’envol. On retrouve encore ici trois nichoirs en triangle creusés à même le mur. Sa date de construction est gravée sur la pierre : 1849

Très ancien pigeonnier grenier sur grange à « Mirabel ». Il arbore de superbes colombages de pierre et de bois.

On retrouve autour de la grille d’envol en bois, les trois nichoirs en triangle creusés dans le mur.

Au « Mas de Bergues », ces deux pigeonniers de granges sont de facture différente. L’un est un simple trou, le second est plus original. Il possède une pierre d’envol et est entouré de trois autres petits nichoirs.

Très joli pigeonnier sur grange à « Bertrand », qui ne peut malheureusement se voir que de l’intérieur de la propriété. La grille d’envol, aujourd’hui condamnée est surmontée de trois trous disposés en triangle.

Autre pigeonnier grange de facture originale, également situé sur la grange de la « Bennette ». Une lucarne centrale, avec une plage d’envol de quatre trous et une randière en bois, est encadrée de chaque côté d’un nichoir carré creusé dans le mur. Au dessus, se trouve une autre grille d’envol ne possédant qu’un seul trou et une petite plage d’envol.

Au lieu-dit « la Bennette », deux pigeonniers greniers se font face sur la même propriété : un sur la grange, l’autre sur la maison d’habitation. Ils possèdent chacun quatre trous, celui de la grange étant doté en plus d’une petite randière en bois faisant office de plage d’envol.

A « Mespeil », cachées par les arbres, trois lucarnes sous l’angle du toit de la maison. La plus grande possède encore ses trous et sa plage d’envol en bois. Dans le bourg cet ancien pigeonnier de 1801, récemment restauré, se situe sur la façade d’une lucarne, ornée de superbes colombages mariant pierre et enduit.

Ce très beau pigeonnier lucarne se situe sur l’arrière d’une maison du « bas du bourg », bordant la route de la prairie. Sa grille d’envol de grande dimension, tout en bois, possède six trous, assez espacés les uns des autres.

Nous espérons que cette petite promenade vous aura permis de découvrir, ou redécouvrir, les magnifiques pigeonniers de Lavergne. Leur diversité de style, de forme et d’époque est une véritable richesse pour notre patrimoine local.

Héritage du savoir-faire et de la vie de nos ancêtres, ils ont traversé les siècles et résisté aux outrages du temps… Grâce à leurs propriétaires successifs qui les ont si bien entretenus ou restaurés, nous pouvons encore les admirer aujourd’hui. Dorénavant, lors de vos balades à travers Lavergne, n’oubliez pas de lever les yeux et de vous arrêter un peu : ils méritent qu’on s’y attarde…